samedi 21 juillet 2012

TRES CHER EXERCICE



Si l'on en croit l'opinion, le dentiste est trop cher.

Pouvons nous trouver des raisons objectives à cette opinion?
Certes, sans doute, et nul doute que chacun ira de sa démonstration. On entend surtout parler du prix de la prothèse, pas assez à mon goût de l'obsolescence des tarifs de soins, ni du déséquilibre qu'il crée de facto dans la gestion de l'entreprise qu'est notre cabinet.

Curieux de nature, je me suis décidé à vérifier combien me coûtaient les produits que j'utilise quotidiennement dans mon cabinet. Je précise d'emblée que n’étant nullement appointé par les fournisseurs ou fabricants, je ne cite aucune marque, mais je me base sur le produit moyen, afin de rester le plus objectif possible.
Les prix ont été constatés dans un catalogue de VPC.

TYPE DE PRODUIT          PRIX          QUANTITÉ        PRIX AU KG OU LITRE      

Etching                                    92€                    37g                          2486€
Adhesif mono-composant      225€                   10ml                      22500€
Composite compule                90€                     4g                          22500€
Ciment verre-ionomère           79€                     2g                         39500€
Amalgame                              128€                    50g                        2560€
Liquide sedatif de la pulpe      65€                    14ml                       4643€
EDTA gel                                 72€                     5ml                      14400€
Solvant pour eugenates            55€                    14ml                      3928€
Résine à provisoires                155€                   75g                          484€
Poly-ether mauve                    255€                   720ml                      354€
Silicone light                           146€                   200ml                     730€
Ciment de scellement
pour provisoires                       36€                     10ml                     3600€
ciment résine de collage         243€                       9g                     27000€
+ son liquide primer                59€                        3g                     19667€
fond de cavité h2caO               30€                       24g                     1250€

Finalement, l'essence, le caviar et le foie-gras ne sont pas si onéreux!

Je vous laisse à vos méditations......





mercredi 18 avril 2012

LE FILM DES NEGOCIATIONS

Chacun connait maintenant le contenu de l'avenant signé par la CNSD, refusé par la FSDL, et l'abandon de l'UJCD au milieu des négociations.

Je vous livre le film des négociations, en résumé bien sûr, sans jugement.
Il ne s'agit ni de défendre les uns, ni de fustiger les autres, ni exprimer regrets ou contentements.
Juste des faits chronologiques, bruts.

-Début: 
FVR "je n'ai rien pour vous, je vous propose de solder la convention de 2006 (C à 23€, tarifs DOM-TOM). En échange vous me donnez la permanence des soins, l’examen de prévention femmes enceintes, et des mesures pour l'équilibre de la démographie des zones sous-dotées"
Frustration extrême des syndicats encore présents (je vous rappelle que l'UJCD avait choisi de se retirer des négociations).

Coût 35M€,

-Suite:
FVR lâche la CCAM, avec revalorisation de certains actes. Il n'en voulait pas, car selon lui c'est l'affichage officiel des actes non pris en charge, et ce n'est pas anodin.Mais le refus de la profession à ce moment là l'obligeait à lâcher encore quelque chose.

on passe à 100M€

C'est très insuffisant, mais on passe de 0 à 100M€, en évitant la tentative de FVR de nous refaire le coup de 2006 (je vous échange revalorisations contre ASM), on garde l'ED, et pas de plafonnement des prothèses ni de l'ODF, notre permanence des soins est reconnue (demande expresse du ministre de la santé), les mesures sur la démographie sont incitatives et non coercitives ( contrairement aux infirmiers et kiné).
Un dossier patiemment monté par la CNSD sur les tarifs européens a très rapidement calmé les ardeurs de l'UNCAM qui prétendait que les soins français sont au niveau européen. C'est le résultat de 2 ans de collecte de factures réelles de soins à l'étranger qui a permis d'avoir à disposition cet outil objectif et non contestable.

Je rappelle que le devis est issu de la loi Fourcade, qui prévoyait sa mise en place lors des négociations conventionnelles, et que nous ne pouvions y échapper, et bien évidemment tout le monde déplore ce formalisme humiliant.

C'est quoi ce protocole qui fâche?

Les plafonds d'honoraires sont dans tous les programmes politiques qui font florès en ce moment, avec chez certains partis des mesures drastiques, par spécialités, par régions.
La profession n'en veut pas!
Le protocole prévu pour les bénéficiaires de l'ACS (aide à la complémentaire santé) ne peut être mis en place pour le moment, l'UNOCAM ayant refusé d'y participer. Il s'agissait de limiter les honoraires de prothèse pour ces bénéficiaires en échange d'un effort de remboursement de l'UNOCAM d'une part, et d'un réinvestissement de l'effort de la profession dans la revalorisation des soins conservateurs.
Celà reviendra forcément sur la table, si l'UNOCAM accepte de mettre la main à la poche.
Mais constatons que maintenant les médias nous lâchent pour montrer du doigt plutôt l'UNOCAM.

Fin de l'histoire, direction les syndicats pour décider de signer où non.

Vous connaissez la suite, oui pour la CNSD, non pour la FSDL.

Prochain épisode, essayer de vous expliquer pourquoi la CNSD à choisi ( après un vote démocratique) de dire oui, pourquoi la FSDL a dit non (par un vote de son bureau).


dimanche 15 avril 2012

AVENANT? NON!

Le couperet est tombé,

- un syndicat s'est retiré,
- l’autre a dit non par l'intermédiaire de son bureau national, après avoir participé aux négociations
- le troisième avait convoqué depuis plusieurs semaines un conseil réunissant tous les représentants de ses départements, bien avant de savoir ce qui sortirait des négociations, pour leur demander de voter pour ou contre une signature.

J’étais partisan du contre, la majorité a choisi le oui, comme tout démocrate, je m'incline devant le verdict des urnes.

Je sais que tout a été fait pour arracher tout ce qui était possible, et on ne peut rien reprocher aux négociateurs, bien au contraire. Les 2 syndicats encore présents ont joué le jeu devant FVR, et, ont chacun choisi  la suite à donner.

Je rêvais d'une unité de la profession pour prouver l'incapacité de l'UNCAM et des politiques à régler les problèmes de notre profession et révéler l'abandon de leurs assurés et citoyens.

Je regrette qu'un front commun de notre profession reste une utopie (pour le moment).

Je me donne le temps d'analyser la négociation et de comprendre pourquoi le oui l'a emporté.

Je prends l'engagement de vous livrer prochainement mon analyse.

Je continue à réclamer des soins honorés à leur juste valeur pour que tout cabinet en France puisse en vivre sans avoir recours à d'autres éléments d'équilibration de l'exercice , et que tout patient puisse recevoir des soins de qualité sans avoir à y renoncer pour des raisons économiques.


lundi 9 avril 2012

I HAVE A DREAM.....

Rassurez vous, je ne me prends pas pour Martin Luther King. Je suis athée, malgré un père catholique et une mère juive, le résultat d'un mariage mixte qui a donné un enfant sans foi religieuse. Toutes les croyances, bondieuseries, traditions et autres m'ont éloignées du culte. J'ai néanmoins une très forte foi en l'humanisme, la tolérance, l'hédonisme, la liberté et je trouve mon bonheur dans l'étude de la philosophie.

N'étant pas pratiquant, je sais pourtant que cette année, les Pâques Chrétiennes et Juives coïncident. L'une célèbre une résurrection, l'autre la sortie d'un pays qui  retenait un peuple. Cette concordance calendaire doit être prise comme signe. Sans vouloir blesser ou choquer quiconque (je respecte profondément la foi d'autrui, tant que son prosélytisme n'est pas envahissant et qu'il a pour moi la tolérance que j'ai à son égard), j'y trouve un parallèle pour notre profession. Tâchons de vous expliquer.

Les négociations actuelles ressemblent à un marché de dupes, ou nous sommes retenus par un système (FVR + état + UNOCAM) qui ne défendent que des intérêts qui sont éloignés des vrais problèmes ( un accès à des soins de qualité pour tous d'une part , un exercice équilibré ou chaque confrère peut vivre de ses seuls soins d'autre part). Si nos syndicats se déchirent sur les solutions et  décisions à prendre, ils sont néanmoins d'accord sur le diagnostic.

La seule chose qu'on nous propose, c'est de nous accorder (quel cadeau!) ce qui était acté dans la précédente convention, plus quelques miettes. Cela ne changera rien à nos exercices, malheureusement. Cela ne rajoutera que quelques contraintes, que personne ne veut, et qu'aucunes professions dans notre pays n'aura.

J'en viens à mon rêve (désolé d'être aussi long, mais la situation le nécessite).
Si nos 3 syndicats s'unissaient, oubliant leurs différences pour un temps, pour dire NON à l’aumône que l'on veut généreusement, pour se donner bonne conscience,  nous accorder, cela serait comme une résurrection des forces que nous pourrions mobiliser pour défendre notre exercice. Cela serait aussi comme quitter le pays de la résignation (celui du "signe, c'est pas grand chose qu'on nous octroie, mais c'est mieux que si c'était pire") et partir en exode vers une terre promise que serait un exercice digne et équilibré.

Ils n'ont pas d'autres armes que de nous faire passer pour des vilains, aveuglés par les lobbys, relayés par une presse qui ne prend même pas la peine de vérifier les énormités qu'ils publient, ni même ne daigne accepter les droits de réponse que nous réclamons.

J'appartiens à la paroisse CNSD, et je travaille dans ma région avec des FSDL et des UJCD, qui sont des amis et des confrères responsables, et nous sommes main dans la main sur tous les dossiers. Bien sûr, nous ne sommes pas toujours sur la même longueur d'onde, mais suffisamment intelligents et responsables pour mettre le mouchoir sur nos egos dès que l'intérêt de la profession en dépend.

Je connais les négociateurs de la CNSD, je connais leur engagement, leur honnêteté, leur volonté d'avancer. Je sais qu'ils ne signeront rien sans avoir eu mandat des départements. C'est démocratique. Churchill disait "la démocratie est une très mauvais système, mais c'est le moins mauvais". J'espère, et c'est mon rêve, que les départements comprendrons que nous n'avons rien à gagner dans ce mauvais avenant (tout le monde en est conscient), et qu'ils n'auront pas peur de ce qu'ils croient pouvoir perdre. Nous gagnerons au moins en dignité, et le respect de nos confrères.

Cela serait l'honneur de toute une profession, unie et volontaire, de se dresser et de dire enfin NON, ça suffit, vous vous êtes assez foutus de nous, on ne veut plus être les dupés montrés du doigt, les sacrifiés.

Bien sur la santé n'a pas de prix, mais elle a un coût, et ce n'est pas à nous de l'assumer seuls. Prenez vos responsabilités, celles de l'abandon et du désintéressement que vous avez montrés depuis des lustres, avec à chaque fois de bonnes raisons pour vous (pas de sous, pas politiquement correct etc...) de se prendre pour Ponce Pilate.

Surtout, nous avons une force terrible, que nous n'utilisons jamais. Qui peut prodiguer des soins dentaires dans ce pays à part nous? PERSONNE!


Que n'utilisons nous pas ce formidable avantage? 
"Le premier coup fait la moitié du combat"
proverbe anglais

dimanche 1 avril 2012

UN PEU DE REPOS

Proche du burn-out (sous la pression des patients, des administrations, du chir-dent conseil, de mon banquier, de confrères qui n'ont pas compris mes intentions), afin de soulager mes troubles musculo-squelettiques, pour enrayer ma sciatique chronique, souhaitant limiter les pics d'hypertension artérielle, voulant oublier les reflux acides que m'envoie mon estomac, je prends quelque jours de repos.

Le blog sera donc aussi en repos.

Je rassure ceux qui me soutiennent, je suis désolé de décevoir ceux qui me critiquent, je serais de retour dans une semaine, et je compte bien continuer à m'exprimer, en toute liberté et objectivité, sans prosélytisme ni dogme, en tant qu'individu libre de pensée, en tant que praticien de base insatisfait du cadre de notre exercice, ne représentant que moi même ici.

Me rendant à l'étranger, je ne suivrais pas l'actualité professionnelle, mais ceux qui le souhaite peuvent continuer à diffuser l'adresse de ce modeste cri de ras-le-bol, ceux qui le critique peuvent continuer à s'exprimer sur son coté vain, tardif, inutile et autres adjectifs.

Je formule le vœux que ceux qui négocient en ce moment notre avenir,  quelque soit la paroisse auxquels ils appartiennent, aient le courage et la force de résister aux sirènes qu'on veut nous faire entendre et aux couleuvres qu'on veut nous faire avaler. Notre liberté dépend déjà de la longueur restreinte d'une laisse qui nous relie à une convention inique, raccourcir encore la laisse serait nous étrangler. Refuser l'inacceptable serait à votre honneur, et cela même si l'on renonce aux miettes que l'on daignerait nous octroyer en nous faisons miroiter je ne sais quelle catastrophe en aval d'une signature non apposée.

"Espoir, déception, deux ennemis qui s'entendent très bien ensemble"
Eugène Vivier

samedi 31 mars 2012

BREF J'AI FAIS UNE EXTRACTION....

Un gars, il vient au cabinet, il a mal il me dit, je l'installe, il a mal il me dit, j'ai compris je lui dis.

je lui demande ou il a mal, "à la dent" il me répond.

j'avais compris, vu qu'il me l'avait déjà dit 2 fois. Je regarde en bouche, je tape sur une dent en sale état, "aie", il fait, "c'est içi que j'ai mal".

"faut extraire, monsieur", je lance, "ça va faire mal?" qu'il demande, "non" je lui réponds, pensant que de toute façon il a déjà mal, alors...

Je lui fais une anesthésie, il se crispe, se tord les doigts, fait des grimaces, respire fort, tremble des jambes.

"Ca va?" je lui demande, " j'ai même rien senti" qu'il me répond, on aurait pas cru que je me dis.

Je prends mon davier en déchirant le sachet stérile car tous mes instruments sont sous sachets, stérilisés avec un autoclave aux normes et tutti quanti, même que ça m'a couté un bras et que mon assistante passe un temps fou à respecter les normes, j'extrais, difficile, la dent pète, je prends un élévateur, la dent se morcelle, je dégage autour, au bout de 20 minutes je la sors, content qu'elle soit enfin là, vu son état. Je curète, je mets une éponge hémostatique, je fais une suture.

"Merci docteur," qu'il me dit avec un sourire, "je vous dois combien?"

"33,44€" je lui dis en serrant les fesses, honteux comme quelqu'un qui fait l’aumône.

"C'est pas cher" qu'il me répond, "je sais" je dis en résistant à l'envie de me cogner la tête contre le mur.
"vous faites le tiers payant?" provoque en moi un pic de tension et une aigreur qui remonte directos de l'estomac.

Je le raccompagne et je fais le bilan
30mn sur le fauteuil à 180€ de frais fixes horaires
une carpule d’anesthésique à 0,50€
une aiguille à 0,20€
une éponge hémostatique à 2,25€
un fil à suture vicryl à 13€

j'ai encaissé 33,44€

BREF J'AI FAIT UNE EXTRACTION


INFLATION, QUAND ELLE GAGNE TU PERDS

1994-2011


1994 est une date charnière pour notre profession. C'est l'année ou notre SCP (vous vous souvenez de lui?) a été éclaté entre SC et SPR. Depuis, le SPR n'a plus jamais été revalorisé, soit une valeur identique à celle du 31/03/1988 (24 ans, comme le temps passe vite!).

Ma curiosité m'a poussé à vérifier ce que vaudraient nos lettres-clés si elles avaient suivies l'inflation depuis 1994 (soit 28,9%).
  • le C à 21€ vaudrait 20,70€
  • le SPR à 2,15€ actuel vaudrait 2,77€
  • le SC à 2,41€ actuel vaudrait 3,10€
  • le Z à 1,33€ actuel vaudrait 1,71€
  • le DC à 2,09€ actuel vaudrait  2,69€
Je vous laisse le soin de vérifier combien vaudraient les différents actes de notre nomenclature.

Bien évidemment, et bien malheureusement, aucunes de nos charges (fournisseurs, salaires de nos collaborateurs, loyers, tarifs de laboratoires, impôts, taxes et charges sociales) n'ont oubliées de suivre l'inflation, voire plus!

Seule satisfaction (un peu d'humour ne fait pas de mal), le tarif de la consultation ne s'est pas érodé.
Quelle affaire! C'est une acte anecdotique dans notre pratique.

On peut néanmoins regretter qu'il soit  décroché de la valeur de la consultation des médecins, question de principe et de reconnaissance de notre capacité et statut de profession médicale.

On peut aussi noter, pour ceux à qui cela aurait échappé, que les médecins n'ont pas subit de perte de pouvoir d'achat, qui plus est quand cette lettre clé est pour un généraliste la seule qu'il utilise. C'est vrai qu'ils ont besoin d'un important plateau technique!

Serions nous moins bien considérés par la S.S. et l’État que nos amis médecins?

Je vous en laisse juge...